Rubriques

jeudi 25 juillet 2013

Un album, une histoire: Chapitre 10 - Adore

Hey hey les Freaksters!

Je sais que cette rubrique vous a manqué et elle m'a manqué à moi aussi... Pas trop le temps de discuter, je laisse la parole à Veee, ma GRANDE copine Veee, spécialiste musiques qui déchirent et experte en culture pop allant du meilleur (The Breakfast Club, Ghost World) au pire (Taylor Swift!). Bref, n'ayez pas peur, elle est gentille, elle ne mord pas et en plus, elle s'est exilée à Brighton où elle y vit des chouettes aventures. L'adopter, c'est l'adorer... Vous comprendrez le calembour dans quelques minutes.

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Nom: Vanessa
Alias: Veee
Signe astrologique: Verseau ascendant geekstress
Album choisi: Adore - The Smashing Pumpkins (1998)

"Twilight fades, Through blistered Avalon"... 

Je me revois encore à 12 ou 13 piges, plantée devant Nulle Part Ailleurs, hypnotisée par ce groupe de Chicago mené par Nosferatu en personne. Billy Corgan et sa bande sont à Cannes, et envoient 'Ava Adore', et je me prends une claque. Et je la range quelque part, parce qu'il est pas encore temps. Je balbutie un peu de rock, le Americana de Offspring et le Without You I'm Nothing de Placebo ne me quittent que rarement, c'est un début. Flash forward, 2001, Rock Sound (je parle beaucoup de Rock Sound, ce magazine a façonné ma culture musicale), une b-side improbable sur un sampler, et le nom me revient en pleine face.  

Smashing Pumpkins, les citrouilles explosées et éclatantes, et ce géant chauve à la voix si particulière. "Perfect". J’achète Adore pour la première fois à 15 ans, donc, et quelques douze ans plus tard, c'est un des rares albums à avoir traversé autant de choses....et l'un des rares à voir été autant racheté. (c'est aussi grâce à lui que les Citrouilles deviennent mon groupe culte, et que je commence la basse un peu plus tard, parce que "Melissa Auf Der Maur". Tout est dit)

Si cet album n'est pas le plus cité chez les fans (j'ai régulièrement droit au fameux "non mais ça va pas, Mellon Collie est mille fois mieux!"), il n'en reste pas moins une perle, et pas seulement à cause de l'orchestration impeccable de bout en bout, ni de l’atmosphère propice au rêve qui s'en dégage (un rêve bien étrange, blindé de pertes et d'absences, mais un rêve quand même)... Adore est ma madeleine de Proust, mon album photo de petites et grandes histoires. 

Exemples :
  • Daphne Descends = chanson obligatoire les jours où je me fais gentiment éconduire 
  • Ava Adore = une nuit d'été 2005, le jour qui se lève à peine, un parc dans ma ville natale
  • Apple+Oranjes = mon coté new-wave qui ressort, à chaque fois, tout le temps, à 16, 17, 27 ans
  • Crestfallen = confessions nocturnes d'une amie sœur...."and who am I to need you now".  
  • La naissance d'amitiés très fortes, de celles qui durent, sur Annie Dog
Et puis To Sheila, et puis Perfect, surtout Perfect, "strangers when we meet", Perfect , ce morceau qui me fait oublier les coups durs et les bleus à l'âme.... 

Et quand en 2010, à Paris, Billy Corgan entonne To Sheila à quelques mètres de moi, tout s’arrête pendant quelques minutes, le temps d'atteindre le souvenir d'une ado un peu gauche de quinze ans qui ne trouve son salut que dans les nappes de guitare de Tear

Amourettes explosées, déménagements, deuils, nouvelles vies, ces seize titres ont tout vu de moi, et j'ai surement projeté bien plus que je ne le devrais dans cet album, mais qu'importe, "music mends broken hearts" (trad: la musique soulage les coeurs brisés), et la musique des Pumpkins est définitivement la plus belle pour se faire arracher le cœur et recoller les morceaux.

"We promised that we'd be perfect..."

mercredi 24 juillet 2013

La mixtape du mercredi # 13 - Top 20 des meilleurs groupes anglais

Greetings Freaksters and Freakstresses!

Cette playlist a une saveur toute particulière à mes yeux car elle a été faite entièrement grâce aux fans du blog et autres potes bienveillants. Ce week-end, j'avais demandé à certains d'entre vous de me donner le top 3 de vos groupes anglais préférés (les gallois étaient aussi acceptés) et vous avez été assez nombreux à y participer. C'était chouette de débattre avec vous et je recommencerai volontiers l'expérience lors d'une prochaine playlist, qui sait peut-être sur le Canada, l'Australie ou je ne sais pas moi, la Belgique...

Toujours est-il que j'ai eu droit à de belles surprises et que la playlist était prête pour aujourd'hui. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, il se trouve que de l'autre côté de la Manche, il n'y a pas plus tard qu'il y a 2 jours, le Royaume-Uni a fêté comme il se devait la naissance du "royal baby" de William & Kate. Faisons donc d'une pierre deux coups pour balancer une playlist UK, histoire d'éduquer musicalement le futur roi d'Angleterre...

Petite précision: la playlist est jouée selon un décompte, la première chanson que vous entendrez sera celle qui a été classée 20e. Il y a aussi eu pas mal d'ex-aequo après recompte des votes. Encore une dernière chose, cette playlist, c'est aussi et surtout la vôtre alors n'hésitez surtout pas à en parler autour de vous, de la partager dans vos réseaux sociaux et aussi de nous soumettre des idées pour des futures playlists, je serais ravie d'en créer des nouvelles pour votre/notre plus grand plaisir. Bonne écoute à vous...




mercredi 17 juillet 2013

La Mixtape du Mercredi # 12 - Le ciel, les oiseaux et la mer

Aaaaaah! La mer, le sable chaud qui se tortille entre les doigts de pieds, les cocktails bien frais et un hamac pour se dorer la pilule... Rien de tel pour savourer ses vacances, enfin, pour ceux qui y sont. Pour les autres, qui doivent attendre encore un peu avant de crier "Vacances, j'oublie tout!", FREAKS AND GIGS pense bien fort à vous et vous a concocté une playlist fraîche et posée à savourer au bureau ou dans le métro pour faire comme si on était à Palavas Les Flots (ou mieux, Brighton Beach). Bonne écoute à vous!




lundi 29 avril 2013

Les concerts à ne pas manquer: édition mai 2013

Freaksters, freaksteresses, bonjour!

FREAKS AND GIGS n'est pas seulement un blog où il y parle musique, il nous arrive aussi de faire des concerts (d'où le "gigs") et pour cette raison, je ferais une petite sélection des concerts fortement recommandés par Yours Truly (a.k.a. moi).

Si tu aimes les doses de gras, alors tu attendras avec impatience la résidence française de THE MELVINS les 10 et 11 mai prochain à l'occasion du festival Villette Sonique où ils joueront cinq albums cultes du groupe: Lysol, Eggnog et Houdini le 1er soir puis Bullhead et Stonerwitch le deuxième soir. Bien naturellement, je ferais les deux parce que c'est The Melvins, quoi! Autre concert évènement où je serais en vadrouille et toujours dans le cadre de Villette Sonique, celui de NEUROSIS avec MASTER MUSICIANS OF BUKKAKE (je vous jure, c'est un vrai nom de groupe) et SWANS qui joueront à la Grande Halle de la Villette le 25 mai prochain. Pour les autres doses de gras bien méritées, allez donc voir:
 - SCEPTICFLESH @ Divan du Monde, Paris le 14 mai




Si ton truc, c'est plutôt les moshpits assassins, alors il y a de fortes de chances que tu sois à Glaz'Art le 1er mai pour voir GENERAL LEE avec les coupaings d'ASIDEFROMADAY. Et en plus, on te conseille vivement d'aller aussi voir:
 - INCANTATION @ Le Gibus, Paris le 2 mai
 - PENNYWISE @ Le Petit Bain, Paris le 7 mai
 - FINNTROLL @ La Machine du Moulin Rouge, Paris le 12 mai
 -

Si tu préfères taper dans le groupe culte, alors tu ne peux pas passer à côté du concert de MY BLOODY VALENTINE, n'en déplaise à ton pauvre petit porte monnaie. Cela dit, après la sortie très attendue de leur dernier album "MBV" qui a été acclamé par la critique et le public, on devrait s'attendre de la part de Kevin Shields et de ses potes qu'ils nous offrent un concert d'exception. Sinon, il y a aussi:
 - THE JIM JONES REVUE @ La Cigale, Paris le 3 mai
 - YEAH YEAH YEAHS (+ Bosinian Rainbows) @ L'Olympia, Paris le 8 mai
 - LES COWBOYS FRINGANTS @ Le Zénith, Paris le 24 mai
 - THE UNDERTONES @ La Maroquinerie, Paris le 29 mai

Si tu as envie de quelque chose de plus "smooth", alors le concert de CHELSEA WOLFE au Point Ephémère le 7 mai sera pour toi.
 - SPOCK'S BEARD @ La Scène Bastille, Paris le 8 mai
 - GRIZZLY BEAR @ L'Olympia, Paris le 25 mai
 - THURSTON MOORE @ La Gaité Lyrique, Paris le 30 mai
 


 


lundi 8 avril 2013

La claque de la semaine: Dear Miss Lonelyhearts - Cold War Kids (2013)

Aloha les Freaksters!

Cette semaine, nous inaugurons une toute nouvelle rubrique dans FREAKS AND GIGS, sobrement intitulée "La claque de la semaine" et qui aura lieu tous les lundis. Le concept est très simple: on prend un album sorti plus ou moins récemment, on le décortique gentiment et ensuite on vous explique encore c'est une claque. On aurait pu parler des "fours" de la semaine et suivre la mécanique inverse en démontant en bonne et due forme un album surexposé et surévalué mais je n'en ai ni le temps ni l'envie. Donc on ne parlera ici QUE des albums que j'ai aimé.
Pour commencer, j'ai décidé de faire dans la facilité et la groupitude absolue et assumée en vous parlant de "Dear Miss Lonelyhearts" des Californiens de Cold War Kids, sorti ce lundi dans toutes les bonnes cremeries et qui mérite le coup d'oeil ET d'oreille.



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Artiste: Cold War Kids (USA)
Album: Dear Miss Lonelyhearts
Label: Downtown Records
Année: 2013
Note: 18/20

Titres phares: Fear And Trembling, Tuxedos, Dear Miss Lonelyhearts


On les avait laissés il y a presque 2 ans de cela quelque part à l'hippodrome de Longchamp, sous un soleil de plomb et après avoir livré un show des plus exceptionnels (en particulier dans un festival). À cette époque, du haut de mes presque 22 ans, je chantonnais à tue-tête les paroles de Louder Than Ever entre deux Transiliens Versailles Rive-Droite - Paris Saint Lazare,  je hurlai à qui voulait l'entendre sur Twitter que "Mine Is Yours" est une petite pépite au moment de sa sortie en janvier 2011 et à cette époque-là, j'ai fait tourner cet album en boucle dans la bibliothèque où je bossais. Les CWK ne pouvaient pas espérer une meilleure VRP que moi. Mais ça c'était il y a 2 ans...

Depuis, il y a eu du changement. Des plus funky (nouveaux tatouages, nouvelle garde-robe, nouveau blog) et des pas funky du tout (sans emploi et retournée vivre chez ses parents). Chez CWK, il y en a eu du changement aussi, à commencer par l'arrivée de Dann Gallucci en 2012 en tant que guitariste. Et ça s'en ressent pas mal dès les premières notes de 'Miracle Mile', single plus pop et plus joyeux que furent ses prédécesseurs. On sent que le bonhomme impose son style tranquillement et c'est plutôt une bonne chose.


Dire de "Dear Miss Loenlyhearts" qu'il est l'album "de la maturité" serait une insulte au groupe, à cet album et à cet exercice ô combien complexe qu'est la chronique d'album. En revanche, on peut dire que c'est une réussite totale parce qu'on peut y trouver son bonheur dans presque tous les titres: la ballade langoureuse ('Tuxedos' et ses choeurs gospels), l'électro-rock pas prétentieux ('Loner Phase', 'Lost That Easy'), l'indie rock basique-qu'on-dirait-que-c'est-du-Arcade-Fire-alors-que-trop-pas ('Bottled Affection', 'Water And Power'), LA chanson parfaite pour une "danse du paon" ('Dear Miss Lonelyhearts') et la ballade qu'on va écouter en boucle pour pleurer dans sa chambre avec une bière à la main (le très bon 'Bitter Poem').

Autre chose, ce qui fait, pour moi, de cet album une des grosses mandales musicales de 2013 (en même temps, on vous avait prévenu lors de notre tout 1er article, mais si celui sur les Comebacks de l'Année), c'est le fait que l'album est régulier, sans fioriture et aussi plutôt cohérent dans son évolution. Ce que j'entends par là, c'est qu'il n'y a pas de quoi être déstabilisé - surtout si comme moi, vous avez aimé leur album précédent. La voix chaude et suave de Nathan Willett est toujours aussi... ahem, enivrante et Matt Aveiro sait toujours aussi bien manier les fûts.
Oui, je parle comme une de ces satanées groupies, je vous l'accorde mais les mots me manquent un peu pour vous faire un vrai argumentaire. Il faut dire que j'ai passé toute la semaine dernière à l'écouter en boucle, oubliant tout, tout le monde et le reste de l'univers mais cela m'a fait un bien fou. DMLH fait partie de ces albums que l'on aime écouter encore et encore. L'essayer, c'est l'adopter...

Tiens, voilà une vidéo acoustique faite par l'équipe du Laura Leishman Project il y a quelques semaines lors du festival américain SXSW (South by Southwest - à Austin, Texas).





mercredi 3 avril 2013

La mixtape du mercredi # 11 - Enervé(e), moi?

Hello les Freaksters!


J'espère que ça va bien par chez vous, que le soleil qui se profile réchauffe vos cœurs, que votre allergie au pollen ne vous a pas encore atteint, que votre week-end pascal en famille ne s'est pas terminé en lancer d'assiettes en pleine face, que votre grande-tante ne vous a pas encore demandé pourquoi vous n'êtes pas encore marié(e) à votre âge, que votre patron a été suffisamment bon avec vous pour ne pas vous annoncer que vos congés ont été refusés, que vous n'avez été submergés par les factures, les impôts, les vicissitudes de la vie en couple, en colocation ou avec les bruits suspects que fait votre voisin entre 23 heures et 6 heures 15 du matin, que vous n'êtes pas encore resté(s) coincé(e)s dans le tram, le métro, le RER à cause d'un énième accident de voyageur ou droit de retrait suite à une agression de chauffeur, que votre nouvelle conquête ne vous a pas encore mis un vent monumentale au moment de l'embrasser, que votre pote ne vous a pas encore mis de tannée à Ruzzle, que votre meilleur ami n'a pas encore posté de photos trop belles de ses dernières vacances à Barcelone, que votre banquier ne vous a pas encore appelé pour vous dire que vous êtes à découvert...

Bref, si toi aussi tu as les nerfs, que tu ne serais pas contre une bonne séance de démolissage de voitures en bas de chez toi ou au moins de vacances loin de la ville et des ennuis qui vont avec, cette playlist est pour toi.

Bon, moi je vous laisse, j'ai des plans de tueries sanglantes au Pôle Emploi de Courbevoie qui m'attend... Sinon, vous pouvez retrouver notre playlist sur Grooveshark et ci-dessous via Whyd...




mardi 2 avril 2013

Un album, une histoire: Chapitre 9 - City

Hey hey les Freaksters!

Oui, j'ai décidé de vous appeler comme ça, les "Freaksters", car vous êtes de plus en plus nombreux à suivre mes aventures musicales sur Facebook et Twitter et ça me fait chaud au cœur. Ça et les autres petites choses qui rendent ma vie un peu plus agréables. Vous pouvez spéculer autant que vous le souhaitez, je ne vous le dirais pas pourquoi...

Bref, cette semaine, j'ai redécouvert un groupe qui a égayé pas mal de mes après-midis entre 14 et 19 ans et que j'ai eu l'immense chance de voir quelques temps avant la séparation définitive de ce groupe. Son leader est certainement ce que le Canada a fait de mieux depuis l'invention de la poutine, la scène alternative canadienne comme Cancer Bats, Danko Jones ou Voivod et la série pour enfants "Macaroni Tout Garni". Et pour ce joli retour en arrière, je dois remercier Lauris, un twitto aux goûts musicaux des plus recommandables et qui a choisi de nous parler cette semaine de ce génie, que dis-je de cette légende vivante qu'est Devin Townsend et de son ancien groupe Strapping Young Lad.

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Nom: Lauris
Alias: Pandardcore (sur Twitter)
Vous pouvez aussi le retrouver: avec son groupe, les Morganatics, où il officie en temps que guitariste.
Album choisi: City - Strapping Young Lad (1997)


"Je crois sincérement que la découverte musicale est semblable à un sport, et à ce titre, nécessite des efforts et de l’entrainement. Ainsi, je me suis souvent confronté à des artistes ou des albums pour lesquels je n’étais pas prêt, pour lesquels je manquais d’expérience.

Au collège, j’écoutais Linkin Park et Sum 41, et j’avais l’impression d’être un gars rock et nerveux. Mais quand je voyais mon pote arborer son T-shirt Iron Maiden, je me disais “lui, c’est un vrai hardeux”. Aujourd’hui, j’écoute Agoraphobic Nosebleed sans sourciller, et je me passe du Norma Jean pour me mettre de bonne humeur le matin.

Il y a plein d’albums que j’aurais pu présenter. J’aurais pu vous dire à quel point Lateralus de Tool a bouleversé ma vision de la musique, comme Blue Lines de Massive Attack a bercé mon enfance, ou encore le rapport presque addictif que j’ai eu avec Bubblegum de Mark Lanegan. Mais j’ai choisi de parler d’un album qui n’est pas forcément très important pour moi, que je n’adore pas plus qu’un autre, mais plutôt d’une oeuvre que j’ai mis longtemps à apprécier pleinement, et qui, à travers nos différentes rencontres, m’a permis de témoigner de ma propre évolution musicale. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler de City de Strapping Young Lad.


Ma 1ere rencontre avec cet album a lieu vers 2005.
Je m’intéressais alors principalement à la carrière solo de Devin Townsend, la tête pensante de SYL. A ce moment là de ma vie, je formais activement les goûts musicaux. Je m’étais rendu compte que les groupes de neo-punks tels Sum 41 et Blink-182 étaient loin de pouvoir me contenter et que la sphère progressive m’apportait beaucoup plus que les classiques Nirvana et Hendrix. J’exultais en écoutant Pantera (mon summum en matière de violence), tentant désespérément de faire ma crise d’adolescence.


C’est à cette époque qu’on me présenta à Strapping Young Lad, me l’introduisant comme “le meilleur groupe de métal de tous les temps”. S’il y a une expression exprimant l’opposé du coup de foudre, c’est probablement celle qu’il faudrait utiliser pour décrire ma réaction à cette découverte. Tout n’était que répulsion avec ces morceaux (Detox et Home Nucleonics en l’occurrence) : ces hurlements déments, ces guitares incompréhensibles et inaudibles, cette batterie qui semblait vouloir creuser un trou dans ma tête. Du coup, c’était devenu un jeu pour mes potes et moi, une sorte de test de courage, que d’écouter Strapping Young Lad. Qui allait tenir le plus longtemps sans craquer. Personne n’avait encore entendu la fin du morceau à vrai dire. Le plus drôle était même d’imaginer la tête de ceux qui écoutaient ce genre de musique. Des fous probablement, des marginaux, voire des criminels en puissance!

Cette étrange musique semblait même avoir des effets sur les lois de la physique elle-même : un jour que je partais à la fac, mon baladeur à fond et en mode aléatoire, j’ai entendu les 1er notes d’Home Nucleonics, et le temps s’est alors dilaté, me laissant le temps d’entrevoir toute la souffrance que l’explosion sonore allait causer dans mon crâne.

Et puis, on s’est perdu de vue, Strapping Young Lad et moi.
 
Devin Townsend décida de mettre fin au groupe, et de prendre un peu de repos lui-même. Moi, je continuais mon voyage musical. Et je me suis retrouvé à explorer des territoires plus extrêmes, des musiques que je ne pensais jamais pouvoir supporter.


Ma seconde rencontre avec City s’est déroulé vers la fin de l’année 2009. Devin Townsend était revenu avec de nouveaux projets, son fameux cycle Devin Townsend Project, et je me suis donc replongé dans son oeuvre.

Je suis donc retombé sur un City bien différent de mes souvenirs. Bien sur, c’était toujours violent, dément, déjanté. Mais maintenant, j’arrivais à en voir la subtilité et la richesse. Mon oreille était alors suffisamment éduqué pour voir les nuances dans la brutalité de l’oeuvre. C’était du métal extrême, mais avec l’univers de Townsend, que j’adorais déjà depuis longtemps. Au delà du carnage et de la révolte, il y a avait un côté étrangement lumineux, et une sorte de folie surréaliste. J’étais devenu accro, cet album était toujours ultra efficace pour me défouler, pour calmer mes mauvaises humeurs.


Strapping Young Lad, c’était la fille un peu étrange de ta classe, dont tout le monde se moquait au lycée. Et puis quand tu la recroises des années plus tard, tu te rends compte que tu as beaucoup plus en commun avec elle que tu ne le pensais.

Cet album, c’était devenu non seulement un ami, mais aussi un jalon dans mon évolution. C’était la preuve que j’avais appris à apprécier les musiques extrêmes, que j’avais éduquer mon oreille.

Ma 3e rencontre avec City a eu lieu à Londres.
Autant j’apprécie toujours de me faire éclater les oreilles à coup de blast-beat en concert, autant les pogos et autres moshpits me font un peu peur. Je ne sais pas, j’ai l’impression de ne pas pouvoir apprécier autant le concert si je dois me défendre contre des mecs qui se jettent sur moi.

Il s’avère que je me suis retrouvé dans la capitale anglaise pour le Retinal Circus de Devin Townsend, présenté comme un résumé de sa carrière, avec toutes sortes de choses folles. Et il ne nous a pas arnaqué : des choristes, des acrobates déguisés en singes, un Ziltoid géant, des nains jongleurs, des cracheurs de feu. Et puis l’impensable: Jed Simon (le guitariste de Strapping Young Lad) qui débarque sur scène.

Quand vous voyez un groupe que vous attendiez depuis longtemps, vous êtes vraiment content. Quand c’est un groupe qui vient de se reformer, et que vous ne pensiez jamais pouvoir le voir, c’est un évènement hyper marquant. Quand la reformation a lieu en plein concert, et que personne ne s’y attend, vous ne pouvez rien faire contre l’adrénaline et l’excitation. Sans même m’en rendre compte, je me suis retrouvé sur mon voisin, en apesanteur entre 3 anglais.

Je ne peux pas vraiment dire que City soit un album particulièrement important pour moi, comparé à bien d’autres. Mais chaque fois que je me replonge dedans, à chacune de nos nouvelles rencontres, je me rends compte de comment j’ai évoluer musicalement, dans mes goûts et mes comportements

Finalement, City, c’est un peu mon “Quand Harry rencontre Sally

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Si ce texte vous a plu, je vous invite à m'envoyer par mail votre texte (avec pour objet: "un album, une histoire") afin d'être publié très prochainement dans cette rubrique qui grandit de semaine en semaine. La semaine prochaine, ce sera moi qui publiera un texte sur un album qui m'a marqué au fer rouge lorsque je l'ai eu en ma possession, il y a 10 ans: "Dirt" d'Alice In Chains.